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2018
Vocabulaire des affects. Espaces centraux, espaces périphériques
Dossier coordonné par / Edited by Vesna Elez, Alexandru Matei
ISSN–L 2360 – 5189
[Text integral]
Notre contemporain semble marqué par un usage récurrent du vocabulaire des affects. Qu’il s’agisse de la littérature, des arts, de l’histoire, des médias, de langage tout court, nous sommes au cœur d’une « affectologie » qui commence à peine à imposer ses noms. Le discours des affects, du corps, de tout ce qui ne se donne désormais plus comme expressément intellectuel, n’est pas nouveau en sciences humaines. Il est devenu, en revanche, incontournable, une fois que les promesses de progrès faites par les idéologies ont échoué et que tout un pan de pensée post-structuraliste a fait valoir non seulement une ontologie des multiplicités, mais de multiples modes d’existence. De La vie énigmatique des signes (Patrice Maniglier, 2006) au réseau de la théorie de l’acteur-réseau de Bruno Latour, l’influence des affects dans les jugements théoriques, esthétiques, littéraires ne peut plus être mise en doute. L’intérêt pour l’histoire culturelle contemporaine en termes d’affects/ émotions/ sensibilités est très vif : le numéro spécial de la revue « Vingtième siècle », Histoire des sensibilités au XXe siècle, 2014, en fait l’état des lieux pour la France notamment. Le travail de Frédéric Lordon (La Société des affects. Pour un structuralisme des affects, 2013) montre que l’appel aux émotions est incontournable pour la dynamique du capitalisme contemporain. De son côté, Lauren Berlant lance des concepts tels que « cruel optimism » ou bien « unfeeling » (« Structures of Unfeeling : Mysterious Skin », 2015) pour traduire l’éthos de l’intimité dans le monde occidental post-idéologique et de la crise. Pour le dossier thématique proposé dans le numéro 5 de la revue « Dacoromania litteraria », on entend focaliser cette réflexion sur les particularités à la fois culturelles et locales de l’usage du vocabulaire des affects. La dialectique entre les rythmes historiques (ceux du social, du collectif) et les rythmes de vie (des vécus individuels, des corps, des micro-subjectivités) semble avoir décisivement marqué la pensée des sciences humaines, et leurs méthodologies. L’enrichissement du vocabulaire théorique des affects ne pouvait pas rester à l’écart de l’intensification de la dynamique de réseau culturel : les rapports dynamiques entre les centres et les périphéries et l’instabilité de ces deux identités elles-mêmes ; les rapports espace culturel national/ régional et espace mondial sous-tendus par la transgression des frontières comme présupposé central ; la redistribution discursive des sciences humaines, alors que les neurosciences et le numérique envahissent le discours des sciences humaines tout en remettant en question ce qu’on pourrait appeler la culture (nationale ou régionale) des méthodologies.
Vocabulaire des affects ou réinventer le réel. Espaces centraux, espaces périphériques / 5
Vers une « affectologie » / Towards an « affectology »
Ecrivains éuphoriques, écrivains dysphoriques / Euphoric writers, dysphoric writers
Articuler les affects : Fuir de Jean-Philippe Toussaint / 44
[Abstract / Rezumat] [Full Text]
Affectométrie / Quantifying affects
Influence as means of conveying emotion at the beginning of the 20th Century / 92
[Abstract / Rezumat] [Full Text]
Affects matérialisés / Materialized affects
Documents
Comptes rendus / Book Reviews
Sexualitate și discurs politico-religios în societatea românească premodernă [Sexuality and Political-Religious Discourse in the Romanian Pre-modern Society], Iași, Editura Universității „Alexandru Ioan Cuza”, 2016 (Mihnea Bâlici) / 196
Cinstite obraze, moftangii și domni [Dignified Figures, Triflers and Gentlemen], București, Cartea Românească, 2012 (Emanuel Modoc) / 199